1660 François Messialot

Écrit par Lucullus. Publié dans Les personnages.

MessialotNé à Limoges en 1660
Mort à Paris en 1733

Il a travaillé comme officier de bouche pour plusieurs familles nobles et différentes cours. Il a laissé plusieurs ouvrages fort célèbres en son temps, auxquels se sont référés d'autres chefs et les historiens de la cuisine.

On lui doit notamment l'invention de la crème brûlée, sans doute adaptée de la crème catalane
Dès 1691 il met en avant dans son ouvrage le bœuf miroton. Le miroton correspondait alors à des tranches de veau, du lard, disposés sur une farce.

Célèbre recette qui perdure jusqu'à aujourd'hui selon plusieurs variantes. 1746 par Menon dans " la Cuisinière bourgeoise". On le retrouve au XIXe siècle avec le "miroton de boeuf bouilli à la bourgeoise " (1820) ou le "Miroton à la mode de l’île Saint-Louis" (1839).

Ce plat de concierge ou de ménage parisien est cité par Balzac dans le Cousin Pons (1847).

 Œuvres :

- Le Cuisinier roïal et bourgeois, qui apprend à ordonner toute ſorte de Repas en gras & en maigre, & la meilleure maniere des Ragoûts les plus delicats & les plus à la mode. Ouvrage tres-utile dans les Familles, & ſingulierement neceſſaire à tous Maîtres d'Hôtels, & Ecuiers de Cuiſine

Ouvrage publié sans le nom de l'auteur en 1691 réédité en 1693, 1698, 1705.
- Nouvelle Instruction pour les confitures, les liqueurs et les fruits, 1692.
- Le Nouveau cuisinier royal et bourgeois. Qui apprend a ordonner toute sorte de repas en gras & en maigre, & la meilleure maniere des ragoûts les plus délicats & les plus à la mode , & toutes sortes de pâtisseries. Ouvrage tres-utile dans les Familles, & ſingulierement neceſſaire à tous Maîtres d'Hôtels, & Ecuiers de Cuiſine.
Publié en 3 tomes entre 1722 et 1730 sans le nom de l'auteur.
Augmenté de nouveaux ragouts par le sieur Vincent de La Chapelle, chef de cuisine de S. A. S. monseigneur le Prince d'Orange & de Nassau, &c. ; 1740 ; en 3 tomes.
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1700 Joseph Menon

Écrit par Lucullus. Publié dans Les personnages.

MenonJoseph Menon
Né vers 1700
Mort le 14 juillet 1771 à Verneuil-sur-Avre

Joseph Menon est un auteur culinaire français qui vivait dans la seconde partie du XVIIIe siècle.
On ne sait pas grand-chose de Joseph Menon, rien de son lieu de naissance, de ses parents, de sa jeunesse.

On sait qu’il a été officier de bouche chez la reine Marie Leczinska, charge qu’il abandonne sans doute au plus tard en 1738.

Le 15 mai 1752 il demeure tout d’abord rue de Richelieu, paroisse Saint-Eustache
Le 31 août 1760 il demeure rue des Fontaines-du-Temple, paroisse Saint-Nicolas-des-Champset Le 19 juillet 1766 il est domicilié rue Le Regrattier, île et paroisse Saint-Louis.

Il décède et est inhumé le 14 juillet 1771 paroisse Sainte-Madeleine de Verneuil-sur-Avre (Eure), à 71 ans.

Son épouse, Jeanne-Marie Driessen, quant à elle, décède le 23 février 1766 et est inhumée le surlendemain à Nogent-sur-Seine (Aube), à environ 67 ans.

Louise, leur fille est née à Paris en avril 1734 elle y décède le 30 décembre 1809. Elle est inhumée le lendemain au sein d’une concession temporaire du cimetière du Père-Lachaise.

C’est un auteur culinaire prolixe qui a marqué son temps. C’est une référence de la cuisine du 18eme siècle.



Ouvrages principaux
• Nouveau Traité de la Cuisine ;
• La Cuisinière bourgeoise ;
• La Science du Maître d’Hôtel cuisinier ;
• La Science du Maître d’hôtel confiseur ;
• Les Soupers de la Cour, Paris, Guillyn ;
• Cuisine et Office de Santé ;
• Traité historique et pratique de la Cuisine ;
• Le Manuel des officiers de bouche ;
• Almanach de cuisine ;
• Almanach d’office.

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1865 Françoise Fayolle

Écrit par Lucullus. Publié dans Les personnages.

Fayolle
La Mère Fillioux
Née le 2 septembre 1865 à Auzelles (Puy-de-Dôme)
Décédée le 22 octobre 1925 à Lyon (Rhône)

Françoise Fayolle née Benoîte Fayolle, a vu le jour à Auzelles, petit village d'Auvergne dans le canton de Cunlhat dans le Puy de Dôme. Son père Annet Fayolle est peigneur de chanvre et sa mère Marie Mariotte est mère au foyer. Françoise est l'aînée de dix filles. La famille est installée à Fayet, lieu dit attaché à Auzelles. C’est là qu’elle va passer son enfance, dans les monts du Livradois à 25 km d’Ambert.

A l’adolescence, elle quitte sa campagne pour travailler à Grenoble dans une famille bourgeoise, puis à Lyon. Là, elle est employée par Gaston Eymard, directeur de compagnie d’assurance et fin gastronome. C’est là, pendant 10 ans, qu’elle apprend les secrets de la gastronomie lyonnaise.
Elle épouse Louis Fillioux. Elle crée, avec son époux, un bistrot sis au 73, rue Duquesne, à Lyon, dans un immeuble appartenant à son beau-père, au nom "Fillioux, marchand de vins".

C’est Françoise qui fait la cuisine et rapidement il y a de la clientèle et les habitués se pressent, notamment les parieurs de l'hippodrome de Villeurbanne non loin de là. La clientèle est fidèle. À cette époque, le casse-croûte coûtait 1,25 franc et le menu complet de cochonnailles 3,50 francs.

La qualité de la cuisine et le bouche à oreille font leur œuvre. Petit à petit, son restaurant accueille des vedettes de cabaret et de music-hall de passage.
La cuisine lyonnaise est célèbre. Ce sont les "Mères " qui en sont les porte-parole. L’essor des chemins de fer fait affluer les touristes à Lyon et va faire rayonner leur savoir-faire.

A cette époque en France, le Français s’exprimait en patois, en langues régionales. Françoise Fayolle comprend vite la nécessité de se faire comprendre du plus grand nombre est adopte le français. Son succès est immense. Le Bistrot Filloux devient vite un incontournable de la gastronomie lyonnaise et pendant 30 ans il va servir le même menu qui ne varia guère : potage velouté aux truffes, quenelles au gratin au beurre d’écrevisse, culs d'artichaut au foie gras, poularde demi-deuil, fromages, desserts.

Celle qui est devenue la Mère Fillioux, surnommée l’impératrice des Mères, a créé la poularde demi-deuil et en aurait préparé 500.000 durant sa vie. Il est raconté qu’elle les faisait cuire par lot de 15 dans la même marmite et qu’elle conservait ce bouillon de cuisson, d’une fournée à une autre. C’est une légende de la gastronomie et les nombreuses cartes postales en sont la preuve. Les riches étrangers de passage dans la capitale des Gaules ne pouvaient faire autrement que d’y dîner.

Elle a su assurer la qualité de ses mets en favorisant les produits locaux. Ces poulardes viennent d’élevages locaux et ses gibiers à plumes des Dombes toutes proches. Elle attire les apprentis dont une certaine Eugénie Brazier qui deviendra la Mère Brazier, première femme a obtenir 3 étoiles au guide Michelin en 1933. Exploit qu’elle renouvellera avec son 2ème restaurant. Eugénie Brazier qui formera Paul Bocuse le pape de la gastronomie de la seconde moitié du XXe siècle. Un siècle de transmission de l’excellence gastronomique lyonnaise.

Françoise Fillioux décède le 22 octobre 1925 à Lyon à l’âge de 60 ans. Avec son décès se tourne une page importante de l’histoire de la gastronomie lyonnaise.
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1706 Nicolas Stohrer

Écrit par Lucullus. Publié dans Les personnages.

Stoher 01Né en 1706 à Wissembourg
Mort en 1789 à Paris

Nicolas Stohrer est né dans une famille modeste du nord de l’Alsace à Wissembourg à la frontière actuelle avec l’Allemagne. A l’âge de 14 ans, le jeune Nicolas commence son apprentissage de pâtissier dans les cuisines du roi déchu de Pologne et grand-duc de Lituanie Stanislas Leszczynski à Wissembourg.

L’ancien roi de Pologne et grand-duc de Lituanie a d’abord trouvé refuge auprès du duc des Deux-Ponts. À la mort de ce dernier, Stanislas est accueilli par le régent de France qui lui met à disposition une résidence à Wissembourg et lui octroie une modeste rente permettant d’entretenir une petite cour dans la cité alsacienne.

Bien qu’ayant des moyens limités, le monarque n’en attache pas moins une grande importance à la qualité de sa table. Le jeune Nicolas, simple garçon de cuisine à ses débuts, devient assez rapidement écuyer de cuisine en charge de la pâtisserie froide et chaude et des ragoûts et entremets. C’est là qu’advient la première fulgurance de Nicolas Stohrer.

Nicolas confectionne pour le roi et sa famille des kouglofs, brioche sèche typiquement alsacienne. Le roi Stanislas aime bien les kouglofs qui lui rappellent les Babkas polonaises mais les trouve un peu sèches à son goût. Là bas, en Pologne, il les arrosait parfois de vin de Hongrie. Il s’en ouvre aux cuisines et Nicolas Stohrer décide alors de revisiter le kouglof en l’imbibant de Madère et en le garnissant de crème pâtissière avec des raisins frais et secs. Le Baba est né mais il ne porte pas encore ce nom.
Baba au Rhum Stohrer

Stoher 02Le nom du baba est sujet à discussion. Une légende voudrait que cela vienne du livre Ali Baba, livre beaucoup apprécié du roi Stanislas mais plus sérieusement je penche pour la version revisitée de Babka qui veut dire grand-mère en polonais. Avec le temps, le rhum supplante le Madère et la crème Chantilly, la crème pâtissière.

En 1725, le roi Stanislas marie sa fille Marie Leszczynska au roi de France Louis XV. Les voilà partis, tout comme Nicolas, alors âgé de 19 ans pour Chambord puis Meudon. C’est à cette époque que Marie Leszczynska demande à son père de lui permettre de prendre à son service le jeune pâtissier. Nicolas Stohrer s’en va donc à Versailles rejoindre la cour du roi.

A la cour de Versailles où Nicolas travaille pour la reine Marie, les puits d’amour créés par Vincent de la Chapelle, pâtissier de Madame de Pompadour, font les délices de la cour. Afin de plaire à la Reine et en s’inspirant des pâtisseries sucrées à pâte feuilletée, Nicolas Stohrer crée une entrée salée.

Comme pour le puits d’amour Nicolas Stohrer lui donne un nom à connotation érotique, la Bouchée à la reine. Elle est servie chaude. Elle est réalisée avec une croustade individuelle en forme de timbale, en pâte feuilletée, remplie d’une garniture salée composée d’ingrédients variés – volaille, ris de veau, champignons – coupés en petits dés ou lamelles et liés par une sauce épaisse. Le roi et la cour en sont enchantés.

En 1730, il a alors 25 ans, Nicolas Stohrer décide de tenter sa chance et ouvre une boutique au 51 de la rue Montorgueil non loin de l’église Saint-Eustache, à Paris. Cette boutique existe toujours et c’est la plus vieille pâtisserie de Paris.

Nicolas Stohrer laisse donc à la postérité deux grandes réalisations qui sont aujourd’hui des références en matière de pâtisserie et de gastronomie, le Baba au rhum et la Bouchée à la Reine. On lui doit également d’autres réalisations.

 Un peu d’histoire en suivant :

- 1806, dans son Almanach gourmand, Grimod de la Reynière parle du Baba.
- 1815 Antonin Carême, alors cuisinier de Talleyrand, l’évoque dans son -Pâtissiers Royal-.
- 1835 le pâtissier parisien Stohrer, descendant du pâtissier polonais, remplace le malaga par du rhum pour imbiber les babas.
- 1844, cette pâtisserie inspire les frères Julien qui inventent le Savarin
- 1864, elle est décorée par le peintre Paul Baudry. L’immeuble comporte un bas relief qui surmonte le portail : un globe terrestre est entouré des attributs des arts et des lettres.
- 23 mai 1984, la pâtisserie Stohrer est inscrite aux monuments historiques de la France.

Longtemps dirigée par Pierre Liénard, elle a été reprise en 2017 par la famille Dolfi, qui avait précédemment repris une ancienne chocolaterie ouverte en 1761 et dénommée "A La Mère de Famille".

En 1999 les éditons Lattès ont publié des mémoires apocryphes de Nicolas Stohrer. Imaginées par Pierre Liénard et Françoise Duthu, elles ont été rédigées par Claire Haughel.
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1631 François Vatel

Écrit par Lucullus. Publié dans Les personnages.

VatelFrançois Vatel ou Fritz Karl Watei
Né le 17 janvier 1631 à Tournai, Belgique
Mort le 24 avril 1671 à Chantilly, France

Sa famille est d’origine suisse et son père est laboureur. En 1646, il a 15 ans. Renonçant à suivre son père, il entre au service du Jehan Heverard, pâtissier-traiteur. Il y reste 7 ans pour apprendre le métier.

1653, il a 22 ans il est pris comme écuyer de cuisine par le maître d’hôtel du château de Vaux-le-Vicomte, alors en construction. Son propriétaire le marquis de Belle-île et vicomte de Melun, Nicolas Fouquet, vient d’être nommé surintendant des finances de Louis XIV. Ses capacités d’organisation et sa force de travail valent à l’écuyer d’être rapidement nommé Maître d’hôtel.

Sa réputation est telle que Mazarin et Colbert font appel à ses services pour la réception de la reine Christine de Suède en 1656. Bien qu’au service de Nicolas Fouquet François Vatel sert d’autres maîtres. le 7 octobre 1660, Vatel est nommé Grand Argentier des écuries de monsieur , frère du roi. Il a pour commis un compatriote de son village, Jean Lesquevain.

Le 17 août 1661, c’est le drame. Nicolas Fouquet donne une fête grandiose en l’honneur de Louis XIV demeurant au château de Fontainebleau, Versailles est en construction. Tout est dans la démesure. Un dîner de 80 tables, 30 buffets, 5 services, de la vaisselle en or massif pour le roi et en argent pour le reste de la cour, un orchestre de 24 violons jouant du Lully. Le chef du protocole et maître d’hôtel n’est autre que François Vatel. On sait la suite. cette réception pharaonique est la goutte qui fait débordé le vase. Le 5 septembre, Louis XIV, fou de rage, fait arrêté son surintendant des finances par d’Artagan. Fouquet est condamné à la prison à vie à la forteresse de Pignerole où il décédera le 13 mars 1680.

De peur d’être également arrêté, François Vatel s’exile en Angleterre. C’est là qu’il rencontre un ami de Fouquet, Jean Hérault de Gourville qui le persuade de l’accompagner à Bruxelles alors aux Pays-Bas espagnols.

En 1665 il rentre en France et le 9 juillet il redevient argentier des écuries de Monsieur, duc d’Orléans.
Son ami Gourville convainc Louis II de Bourbon Condé, dit le Grand Condé, d’embaucher Vatel comme maître d’hôtel au château de Chantilly non loin de Paris. Considéré comme un des principaux meneurs de la Fronde il a été autorisé de rentrer en France depuis deux ans mais reste en disgrâce et s’est retiré en son château de Chantilly.
Pendant 5 ans François Vatel va officier aux cuisines de Chantilly. En 1667 il est nommé contrôleur général de la bouche. Il est en charge de l’organisation, des achats, des ravitaillements de tout ce qui concerne la « bouche »du château. C’est là qu’il présente au prince de Condé la crème fouettée sucrée qu’on appellera Chantilly, d’ailleurs à tort, car en 1549 on en retrouve déjà la recette dans les écrits de Cristoforo da Messibugo (Ferrare) ou de Lancelot de Casteau en 1604 (Liège Belgique). Elle est alors appelée « Neige de lait ». Lettre de Madame de Sévigné

Du 13 au 17 octobre 1669, il organise la réception de l’ancien roi Jean Casimir de Pologne à Chantilly. Afin de retrouver les bonnes grâces de Louis XIV, Condé invite le roi pour une fête de trois jours et trois nuits du 23 au 25 avril 1671. François Vatel est en charge de l’organisation. Il n’a que 15 jours pour préparer une réception grandiose. 3000 membres de la cour sont attendus pour 3 jours et 3 nuits de festivités.

Lors du premier banquet il y a 75 invités non prévus et il manque de rôtis à deux tables. Vatel, mortifié, répète à qui veut l’entendre qu’il a perdu son honneur. Le prince vient le voir au soir du banquet et le rassure en lui disant que tout cela n’a pas d’importance.
Mort de François Vatel

Le 24 avril, c’est le drame. C’est un vendredi de carême. Préférant des poissons de mer aux poissons de rivière, François Vatel commande aux mareyeurs de Dieppe, mais aussi dans d’autres ports, moult poisons et coquillages, turbot, sole, barbue, raie, carrelet, limande. souffrant d’insomnie, il se rend à À 4 heures du matin aux cuisines, heure prévue de l’arrivée des poissons. Seuls 2 paniers sont livrés. À 8 heures, les paniers n’arrivent pas. Désespéré Vatel se suicide dans sa chambre en se jetant trois fois sur son épée comme le raconte Madame de Sévigné dans une lettre à sa fille Madame de Grignan. Alors que François Vatel trépasse ses commandes sont livrées. Les pêcheurs avaient pris du retard dans les ports.

Vatel est enterré rapidement au village de Vineuil-Saint-Firmin et la fête qui continue verra le retour en grâce de Condé près du roi Louis XIV.
Depuis sa mort, de nombreux écrits parlent de François Vatel, certains magnifiant son sens de l’organisation, d’autres critiquant son incapacité à gérer le stress et les impondérables du métier. Depuis, il reste toutefois une figure emblématique de l’histoire de la gastronomie.
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