
Édouard Nignon
Né le 9 novembre 1865 à Nantes
Décédé le 30 octobre 1934 à Bréal-sous-Montfort
C'est une figure emblématique de la cuisine française du XXe siècle. C'est un cuisinier qui a beaucoup voyagé, dont la cuisine est imprégnée des cultures qu'il a croisées. Sa philosophie s'appuie sur la découverte de l'ailleurs et l'adaptation personnelle qu'on peut en faire. Ses écrits en témoignent. Il a injustement été oublié.
Il est le fils d'un journalier et d'une lingère. Il est élevé au sein d'une fratrie de huit enfants.
1965 : Naissance à Nantes ;
1874 : Il entre en apprentissage à 9 ans au restaurant Cambronne;
1875 : le 20 octobre, il entre au restaurant Monier, le meilleur établissement de la ville où il découvre l'envie de devenir cuisinier. Il y apprend à lire et écrire ;
1880 : Il passe par Angers et Cholet avant d’atteindre Paris. Il intègre le restaurant chez Potel et Chabot, haut lieu de la gastronomie parisienne ;
Cette maison se lance dans l’aventure russe dès 1884 et sera marquée par un premier dîner offert au tsar à l’ambassade de France. Ce sera suivi d’une tournée de banquets officiels de plusieurs jours, donnés en l’honneur de la venue du couple impérial russe en France. L'influence de cette expérience sera déterminante pour le jeune cuisiner.
1888 : Il quitte cette adresse prestigieuse où, dit-il "j’acquis dans mon art une expérience étendue, mais avide d’acquérir davantage, j’exerçai successivement à la Maison Dorée, au Café Anglais, temple de Lucullus, au restaurant Bignon comme aide saucier, au Café Voisin chef saucier puis au restaurant Magny."
Le 16 septembre de la même année , il se marie avec Joséphine Lucas, cuisinière également. Ils donneront le jour à Marcel Edouard en1889.
1891 : Il est chef de restaurant "Terminus Hôtel".
1892 : Il part en Autriche comme chef de cuisine au Trianon, établissement Viennois en vue à cette époque. Il y servira l'empereur François-Joseph et la cour de l'empire Austro-Hongrois. Il y rencontrera surtout de nombreux chefs étrangers qui lui ouvriront d'autres univers culinaires.
Il rentre en France pour prendre la direction des cuisines du restaurant Paillard, l'un rue de la Chaussée d'Antin et le second en 1896 sur les Champs-Elysées.
1896, Joséphine Lucas, son épouse, décède.
1897, il quitte Paris pour Londres comme directeur des cuisines lors de l'ouverture du Claridge's Hotel. Etablissement qui attira rapidement une riche clientèle londonienne.
Edmond Nignon à la bougeotte dans le sang. Ses multiples expériences lui donnent l'envie d'aller plus loin dans sa démarche.
1900 : Il pose sa candidature pour prendre la direction du restaurant l'Hermitage à Moscou. Il y part le 5 août. Il y découvre un monde d'une richesse inouïe. C'est un organisateur hors pair. Il avait 120 cuisiniers sous ses ordres. Selon ses dires il travaillait comme un forcené presque jour et nuit pour, je cite : "prodiguer mes attentions à la nombreuse et brillante société de dîneurs qu’il me fallait satisfaire. Les hauts dignitaires, les richissimes seigneurs russes étaient grands amateurs de la cuisine française"
1901 : le 2 août, il se remarie avec Marie-Antoinette Simonot au Consulat Général de France et en l’église Saint-Louis des Français de Moscou.
1905 : Le couple donne naissance à Berthe-Marie.
Il quitte l'Hermitage pour prendre, avec trois autres directeurs, la direction de l'Hôtel Métropole qui venait d'être construit à Moscou. Il s'occupait des cuisines et de la boulangerie établie en sous-sol. La salle à manger était gigantesque avec 150 tables. Mais les mouvements révolutionnaires perturbèrent son travail et l'amena à réfléchir à son avenir moscovite. Je le cite :"J’avais failli périr sous les balles d’un Cosaque ; la brusque intervention de l’un de mes employés criant au soldat : "Ne tire pas, c’est un frère !" m’avait sauvé la vie.".
1908 : Il quitte Moscou pour rejoindre Paris et participer à l'ouverture de l'Hôtel Majestic. La même année, il rachète le restaurant Larue, propriété du comte d'Uzès. Il réalise son rêve, ouvrir son propre restaurant et surtout l'un des plus renommés de Paris. On y retrouve rapidement le gratin de la vie mondaine de la capitale : artistes, poètes comme Marcel Proust, Anatole France ou Edmond Rostand, des hommes politiques comme le nantais Aristide Briand, rois et princes.
Il commence à compiler un recueil de recettes et il publie des ouvrages de cuisine d'un très grand luxe. Paraît-il qu'il en offrait plus qu'il n'en vendait.
1909: Il est également commissaire des expositions culinaires. Il est décoré Chevalier de l'ordre Agricole.
1914-1918
Les fêtes cessent. Nignon qui avait régulièrement assuré le service à la présidence française et promu chef pour le président américain Andrew Wilson lors des deux séjours de ce dernier dans la capitale.
1919 : Après avoir vendu son restaurant à son neveu par alliance Célestin Duplat, il achète le château de la Haute Forêt à Bréal-Sous-Montfort à l’ouest de Rennes et de Bruz, village où le nom de son fils est inscrit sur le monument aux morts
Il publie deux ouvrages de cuisine en collaboration avec un spécialiste des ouvrages de cuisine : L’Armoire de citronnier et L’Heptaméron des Gourmets, ou Les délices de la cuisine française, tous deux parus en 1919. Ce dernier est dédicacé à la mémoire de son fils Marcel, tué le 8 octobre 1914 au combat de la Boisselle dans la Somme.
1921 : Le 8 janvier, il est nommé Chevalier de la Légion d’Honneur par décret du ministère de l’Intérieur : « M. Nignon (Édouard), restaurateur, négociant à Paris. Commissaire et administrateur du bureau de bienfaisance du 8e arrondissement pendant la guerre ; conseiller du commerce extérieur de la France en 1920 ; fondateur à Sannois d’un orphelinat pour les orphelins de guerre ; conseiller de la ligue nationale pour l’exportation française depuis le 20 juillet 1920 ; restaurateur, négociant depuis 25 ans. Titres exceptionnels : un an de services militaires et 25 ans de pratique commerciale ou professionnelle. Services distingués rendus pendant la guerre aux œuvres de bienfaisance et notamment comme fondateur d’un orphelinat pour les orphelins de la guerre de sa corporation.
19

28 : Il se retire à demeure dans son château. Il a alors 63 ans. C'est depuis là qu'il essaie, sans vraiment y arriver, de gérer l'ensemble de ses recettes.
1934 : Le 30 octobre il décède d'une cirse d'urémie chez lui à l'âge de 69 ans. Il est inhumé dans le cimetière de Bréal-sous-Montfort.
Il est oublié de ceux pour qui il a œuvré et la seconde guerre mondiale met le point final à sa renommée.
- Il a légué sa fortune à son fidèle second.
- Une rue porte aussi son nom à Nantes dans le quartier de Saint-Joseph-de-Porterie.
- Simone Morand ; ethnologue de la Bretagne, lui attribue l'invention du homard à l'armoricaine et de la beuchelle tourangelle.
- Intéressé par les alliances de saveurs atypiques, il crée entre les deux guerres les huîtres au camembert.
En 2007 a été créé
l'Institut Nignon à Nantes. Une des activités principales de l’Institut Edouard Nignon est l’organisation de déjeuners à thèmes historiques et artistiques dans les bons restaurants nantais.
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Œuvres :
1919 : L'Heptaméron des gourmets ou les Délices de la cuisine française ;
1924 Le livre de cuisine de l'Ouest-Eclair, réédition 1928 ;
1926 Les Plaisirs de la table, où sous une forme nouvelle, l'auteur a dévoilé maints délicieux secrets et recettes de bonne cuisine, transcrits les précieux avis de gourmets fameux et de fins gastronomes, conseillers aimables et sûrs en l'art de bien manger. ;
1933 Éloges de la cuisine française, préface de Sacha Guitry ;
1935 : Le Précis de cuisine familiale… ;
Sources :
Patrimonia Nantes,
Nignon Ouest-atlantis,
Wikipédia
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