Les Chroniques de Lucullus n°659
Poudre de larves de ver de farine
L’Union Européenne (UE) vient d'autoriser l'usage de poudre d'insectes dans les farines, des larves de Tenebrio molito ou ver de farine. L'UE fait suite à la demande d'une start-up française, Nutri'Earth, une entreprise de la région lilloise.
L'usage d'insectes dans l'alimentation n'est pas nouveau. J'en parlais déjà dans les Chroniques de Lucullus n°580 du 10 novembre 2020. IL s'agissait alors de fournir des protéines pour la nourriture des animaux, via la société Ynsect créée en 2011.
Aujourd'hui il en est autrement. Après accord de l'EFSA, Agence Européenne de sécurité des aliments, les insectes utilisés devront être traités aux ultra-violet puis broyés. La poudre ainsi obtenue pourra être intégrée dans des préparations telles que le pain, les pâtes ou encore le fromage, cela depuis le10 février de cette année.
L'enjeu est important et a même une retombée médicale. Les chercheurs de Nutri'Earth ont démontré que les larves de Tenebrio molito contenaient des nutriments essentiels pour la création de vitamine D3. Cette vitamine se retrouve dans des produits d’origine animale. Elle est également synthétisée par la peau sous l’action du soleil, et est utile pour l'absorption du calcium, la calcification et la transmission nerveuse.
Une question se pose toutefois. Cela a-t-il un impact sur le goût des aliments auxquels sera jointe la farine ?
La Commission européenne a autorisé cette poudre à hauteur de 4%, ce qui, selon Thomas Dormingny, cofondateur de Nutri'Earth, n'aura aucun effet sur le goût, l'odeur ou la texture des plats auxquels elle aura été ajoutée. Néanmoins, il y a des différences selon le produit final. 4 % pour le pain mais 3,5 % pour les gâteaux. Plus largement, l'UE autorise la consommation d'insectes par les humains depuis 2011, criquets et grillons.
Etes-vous prêts à manger des insectes y compris sous forme de farine ? En Asie la consommation d'insectes est assez courante. La question est donc d'ordre psychologique. A vous de voir. L'important c'est que le consommateur soit avisé de ce qu'il mange. Personnellement j'y suis prêt. Les protéines issus d'insectes peuvent être une alternative, un complément aux protéines animales traditionnelles.
Source : La Croix / Elisa Brinai
3 nouvelles IGP en Europe dont le melon de Cavaillon
La Commission approuve trois nouvelles indications géographiques (IGP). Le melon de Cavaillon (France), le miel wallon (Belgique) et le yläsavolainen muurinpohjalettu (Finlande) intègrent le registre européen des Indications géographiques protégées (IGP) mais je dois dire que seule la française m'intéresse vraiment.
Le melon de Cavaillon® (84) est un melon de type charentais. Il est cultivé dans les Alpes-de-Haute-Provence, les Bouches-du-Rhône, le Var et Vaucluse. Le terroir, les conditions climatiques qui y sont liées, c'est à dire un fort ensoleillement, donnent à ce cucurbitacée une saveur particulière.Sur l'aire de production il y a 2800 heures de soleil par an contre 2000 heures en moyenne en France.
Ce fut un travail de longue haleine. Cela fait huit années que les producteurs travaillent à l'obtention de cette IGP, un Graal pour la profession. Le melon est produit dans cette région depuis 600 ans.
Le melon de Cavaillon doit en partie sa renommée à Alexandre Dumas, célèbre écrivain mais aussi gastronome du 19e siècle, qui le faisait venir par train à Paris. Il fit d'ailleurs don en 1864 à la bibliothèque de la ville de Cavaillon de la totalité de son œuvre publiée, en échange d'une rente viagère de douze melons par an. Le conseil municipal prit un arrêté en ce sens et la rente fut servie au romancier jusqu'à sa mort en 1870.
Depuis 1999 le Melon de Cavaillon est une marque déposée propriété du MIN de Cavaillon qui délègue au Syndicat des Maîtres Melonniers la gestion de la production, la commercialisation et la valorisation professionnelle des melons issus de la zone géographique de production.
Pour en revenir à l'ensemble des IGP, ces nouvelles appellations vont rejoindre la liste des 3646 produits déjà protégés, disponible dans la database eAmbrosia. .
Sources : Commission Européenne, eAmbosia, Wikipédia France3 Région
Fermeture d'un abattoir à cause de la grippe aviaire
L'Influenza est un drame pour toute une filière. Lorsque des foyers se déclenchent on pense surtout aux éleveurs qui doivent abattre leur cheptel. Mais ils ne sont pas les seuls à être touchés par cette maladie, les entreprises de transformation le sont tout autant en commençant pas les abattoirs.
Dans le Gers, l'abattoir de canards Delpeyrat de Vic-Fezensac va fermer le 27 mars prochain. Il est la propriété de Maïsadour depuis 37 ans. Ce sont 49 emplois perdus et des familles dans le tracas même si la moitié a pu être reclassée. Annoncée en avril 2024, le groupe MVVH, qui regroupe les coopératives Maïsadour, Vivadour et Val de Sèvre, doit fermer deux abattoirs. Celui de Vic-Fezensac avait ouvert en 1988. Malgré un premier plan de redressement la situation s'est aggravée car le marché du canard est en recul en termes de volumes.
Du fait de l'influenza et de la baisse de production, la société s'est retrouvée en surcapacité industrielle et a décidé de regrouper ses productions sur un seul site dans les Landes.
40 % des effectifs sont reclassés dans d'autres abattoirs proches, 20 sont reclassés chez Canards d'Auzan et 6 au sein du groupe. La direction étudie, pour les autres employés, des solutions externes en fonction des projets de chacun (création d'entreprise, reconversion, retraite, etc.)
La maire de Vic-Fezensac, Barbara Neto reconnaît que le dialogue social a été plutôt constructif. Je cite : "Les salariés l'ont pris avec beaucoup de calme, ils sont très courageux. Ils jouent le jeu jusqu'à la fermeture. On aurait pu redouter une réaction plus épidermique".
Source : France Bleu / Bénédicte Dupont
La production de volaille poursuit sa reprise
De 2021 à mi-2023, la filière française de volaille a été victime de l'épizootie d'Influenza. Entre 2021 et 2022, 1400 foyers se sont déclarés. 25 millions de volailles ont été touchées. Pour la saison 2023-2024, 402 élevages ont été touchés et 3 à 4 millions d'animaux ont été concernés.
La crise de l'Influenza a donc eu des conséquences néfastes mais pour autant, la production repart notamment grâce à la vaccination des canards. Entre 2022 et 2023 la production a augmentée de 2 %. La reprise se confirme et les chiffres de 2024 le démontrent, + 14,7 % sur 9 mois. Le rebond est sensible pour les canards qui ont été particulièrement touchés par l'épizootie avec +59 % sur 9 mois.
La profession reste cependant prudente car la prise en compte des coûts de vaccination sont à ajouter aux charges existantes. C'est pour cela que l'ANVOL est mobilisé pour que l’État maintienne son accompagnement financier lors de futures campagnes de vaccination.
Quelques chiffres pour vous éclairer :
Le poulet représente 72,9 % de la production française de volailles en 2024 sur 9 mois, (74,6 % en 2023). Les dindes représentent 15 % les canards 10,7 % et les pintades 2 % .
La répartition par qualité se décompose de la manière suivante :
• Poulet Standard 72 %
• Poulet bio 1 %
• Poulet Label Rouge 15,2 %
• Poulet certifié 5 %
• Poulet Grand Export 7 %
• Autres 2 %
L'Anvol fournit encore d'autres chiffres que je vous invite à découvrir sur le site en référence.
Source : Anvol
Ouverture des frontières pour la volaille
Les Etats Unis et la Canada viennent de rouvrir leurs frontières pour la volaille français, exception faite pour les canards. Les frontières avaient été fermées depuis la mise en place de la vaccination. Pour autant la demande de volaille française n'a pas baissé dans le monde. La France s'est lancée dans un lobbying diplomatique intense pour informer nos partenaires de l'efficacité des mesures prises sur notre territoire. Toutefois l'Anvol déplore que les USA, le Canada et la Grande-Bretagne n'autorisent toujours pas l'importation de viande de canard. La Grande Bretagne importait environ 2000 tonnes de canards français soit environ 15 % de la production nationale
Source : Anvol
L'Anvol ou Interprofession de la filière volaille française
L'Association Nationale interprofessionnelle de la VOLaille de chair a été créée dans la dynamique des Etats Généraux de l'alimentation en 2018 (décret de septembre 2018). Elle réunit 21 organisations professionnelles représentant la diversité de production (poulet, dinde, canard à rôtir, pintade, caille et pigeon).
Source : Anvol
Sur ces quelques mots je vous dis à bientôt
Gastronomiquement Votre, Lucullus