Les Chroniques de Lucullus n°635
Reconquérir les territoires pastoraux
Conserver les traditions et leur permettre de vivre, de croître. Auvergne Estive, l'association des estives collectives ouvre pour le second semestre 2023 un Plan Pastoral Territorial ou PPT en Livradois-Forez (63) mais aussi deux enquêtes pastorales, Mézenc-Loire-Meygal (43) et Saint-Flour (15).
Il faut le dire, les estives disparaissent. Les estives sont des prairies où l'été, les animaux peuvent venir pâturer en liberté. Ce PPT a pour objectif la reconquête du Col de Béal situé à 1390 m d'altitude. Au fil des années, le nombre de troupeaux a diminué, alors même qu'ils ont façonné le paysage depuis des lustres. On parle là de 200 ha de déprise, c'est à dire de terres perdues pour les pâturages et petit à petit regagnées par la forêt. Les jasseries disparaissant sous les bruyère sont maintenant en ruine. Les jasseries sont de petites habitations en pierre où les paysans fabriquaient leurs fromages.
Le PPT comporte 4 axes construits et mis en œuvre avec les acteurs locaux afin de pouvoir obtenir les aides nécessaires à leur réalisation, points d'abreuvement, cabanes de berger, parcs de contention et clôtures, traite mobile... auprès du Conseil régional d'AuRA et des départements du Puy-de-Dôme et du Cantal mais aussi du Feader le Fond Européen pour le Développement Rural.
Depuis 2006 les PPT se sont déployés sur 29 territoires en Rhône-Alpes mais étaient absents en Auvergne jusqu'en 2022 et l'ouverture du PPT Volcans d'Auvergne doté de 737.000 euros d'aménagements. Par l'action de l'association le nombre de troupeaux en estive augmente. Jean-Michel Vigier, président de l'association la résume :
" Nous accompagnons les collectifs dans la conception et la réalisation de leurs projets. Notre action porte autant la volonté de reconquête des surfaces pastorales et de préservation de celles-ci que de maintenir un dynamisme au sein des estives collectives pour favoriser le renouvellement générationnel".
Quelques chiffres sur l'estive pastoral en Auvergne :
Volcans d'Auvergne et du Livradois-Forez cumulent à eux deux 117 665 hectares de pâtures soit 16% de leur surface.
L'association a dénombré 89.100 ha avec 2 235 estives collectives et individuelles comprenant 140.800 têtes de bétail.
Le dernier point et pas des moindres pour les éleveurs est soulevé par Jean-Michel Vigier :
"L'estive est une chance pour les éleveurs face au changement climatique car même si en montagne l'herbe finit toujours par sécher, elle y est toujours plus verte qu'en plaine".
Source : Haute Loire Paysanne /Mélodie Comte et Commission européene
Une coopérative pour préserver les éleveurs
Pour faire vivre nos campagnes il faut y garder une activité et celles liées à l'élevage convient parfaitement à la moyenne montagne comme celle du Mézenc. Le mont Mézenc est situé dans la massif central et culmine à 1763 m d'altitude. Entre Velay et Vivarais, il est sur la ligne de partage des eaux entre l'Atlantique et la Méditerranée tout comme le Mont-Gerbier-de-Jonc dont il est proche.
Mais revenons à nos bovins car il s'agit bien là de s'entretenir de la Coopérative des Éleveurs de Bovins du Mézenc ou CEBM. Celle ci est en nette progression de 7,6 %. La nouveau président, Denis Accassat, élu depuis le 1er juillet 2022, se dit fier du bon travail de la coopérative qui fait venir des adhérents et surtout les fidélise.
Rendant hommage, lors de l'assemblée, à Yvon Chabanne qui venait de céder la main après 13 années au service de la coopérative, le président expliquant que la renommée de la coopérative dépassait maintenant les limites de la Haute-Loire, preuve s'il en est de l'excellent travail de son prédécesseur, travail qu'il entendait continuer avec l'aide du conseil d'administration.
Denis Accassat, habitant de Freycenet Lacuche, élève 80 vaches allaitantes charolaises et leur suite sur 130 ha tout en herbe. Il commercialise une dizaine de génisses sous l'appellation "Fin gras du Mézenc" ainsi qu'une petite dizaine sous la marque "Boeuf de Haute-Loire".
La CEBM peut s’enorgueillir d'une pénétration de 14 % sur le département grâce à une travail permanent des technico-commerciaux, du personnel administratif et des chauffeurs, se plaît à rappeler le président. La CEBM est forte de 512 adhérents et de plus de 13.000 bêtes par an et même 13.329 en 2022 soit une progression de 7,6 %. S'étant rapproché de la Sicarev en 2019, la coopérative travaille aujourd'hui toutes les catégories de bovins. Avant la fusion l'activité de la coopérative portait sur 4500 bêtes par an. La CEBM engage cette année un projet d'agrandissement pour doubler le centre d'allotement pour répondre à la hausse d'activité.
Source : Haute Loire Paysanne
Point sur la culture des pommes de terre dans les Hauts-de-France
Le 9 mai 2023 Arvalis fait un point santé de la culture des pommes de terre dans les Hauts-de-France
Deux points importants sont à noter. L'apparition du mildiou et des doryphores. Ce sont deux points noirs de la culture de ce tubercule très important. Le site note un pic dans le vol de taupins adultes, coléoptères dont les larves sont dévastatrices pour les pommes de terre.
Arvalis étudie aussi les conditions climatiques et la progression des plantations. Si dans le Pas-de-Calais la pluviométrie a enregistré une moyenne de 12 mm les précipitations ont été plus importantes au sud de la région.
L'avancée des plantations est hétérogène avec une avancée significative dans la partie sud du Nord-Pas-de-Calais ainsi que dans l'Artois, le Valenciennois ou la côte d'Opale. Dans la région lilloise, les plantations ont pu débuter même si la pluie en a retardé certaines. Dans les Flandres les plantations ont débuté avec du retard ce qui entraîne de nombreuses manipulations pour éviter l'élongation des germes. En Picardie 75 % des plantations sont réalisées. Les retards sont à noter sur les grandes exploitations où la mise en œuvre demande plus de temps.
Je retranscris les estimations :
Estimation de l’avancée des plantations :
- Frais /Industrie : de 30 % secteur ouest à 85 % secteur est (notamment Santerre)
-70 % pour l’industrie (Aviko—McCain)
- 80 % pour la féculerie TEREOS
Pour les premières plantations, la germination démarre doucement. Aucune parcelle n’est levée actuellement.
Mildiou
Arvalis surveille les tas de déchets agricoles où les premiers symptômes de mildiou sont apparus sur des repousses.
3 tas de déchets présentant des symptômes de mildiou sont signalés à Quaëdypre, Wambrechies (59) et Montreuil-sur-Mer (62). Les symptômes sont bien "sporulants" c'est à dire aptes à se reproduire et se répandre. Des cas ont été aussi enregistrés en Belgique par le Centre pour l'Agronomie et l'Agro-industrie de la Province du Hainaut (CARAH).
Les pluies fréquentes et les températures actuelles donnent des conditions optimales pour l'apparition du mildiou. A priori pour les parcelles n'ayant pas encore levé le risque est faible mais la prudence est de mise. Le mildiou se conserve dans les tubercules durant l'hiver et il redémarre à partir des repousses sur les parcelles ou sur les tas de déchets.
Doryphores
Les premiers adultes et les premières larves ont été observés sur des cultures d'épinard et sur des repousses de pommes de terre sur le site de Lorgies (62). Les émergences sont encore précoces comme ce fut le cas en 2022, le10 mai.
L’émergence des adultes intervient lorsque le sol est à une température supérieure à 10 °C.
Le doryphore est un coléoptère de la famille des chrysomélidés. Originaire du Mexique où il s'attaquait aux solanacées (tomates, pommes de terre, aubergine) après avoir envahi les USA les doryphores sont arrivés en Europe à la fin de la 1ère guerre mondiale.
Source : Arvalis, Jardinier-malin, Wikipédia
Agriculture et écologie
Comment diminuer l'empreinte carbone des matériels agricoles et notamment des tracteurs ?
21 % des émissions de gaz à effet de serre produites par la France sont d'origine agricole qui se répartissent de la manière suivante, 45 % sont issues du méthane par l'élevage, 42 % par le protoxyde d'azote dû aux engrais azotés, les effluents d'élevage et résidus de cultures, 13 % sont liées aux moteurs thermiques des engins agricoles.
Les pétroliers sont en première ligne pour réussir la décarbonisation de l'agriculture. Julien Painaud, coordinateur agriculture au marketing de Total Énergies France annonce pouvoir totalement décarboner l'agriculture d'ici 2050. C'est loin certes mais le chemin à parcourir est immense notamment avec l'hydrogène.
Selon ce représentant de Total le premier point à réaliser passe tout d'abord par l'économie d'énergie simple, à savoir la limitation de l'usage des énergies polluantes et l'adoption d'une conduite économe. Tout comme pour la "mobilité légère" les voitures, il faut réaliser l'électrification de la "mobilité lourde", les camions, tracteurs et autres engins à moteur thermique du monde agricole. Des constructeurs ont déjà présenté des projets en ce sens mais ce qui se dégage le plus c'est le moteur à hydrogène. Le moteur électrique manquant d'autonomie. D'autres solutions existent comme le biocarburant ou le carburant de synthèse. La réduction des émissions polluantes pouvant atteindre 50 % et même 90 %. Tout cela à un coût très élevé bloquant la transition en ce sens. De plus la logistique ne suit pas. Il est impossible aujourd'hui d'envisager une ravitaillement de toute la chaîne avec ce carburant.
Pour l'hydrogène, il faut également que celui ci soit produit par électrolyse de l'eau obtenue par une électricité verte afin que la filière reste vertueuse.
Selon Damien Fétis, président de Dintec, il en ressort, que pour l'usage de robot, l'électricité est une solution mais que pour les tracteurs et autres engins plus lourds cela n'a pas de sens.
Au final, il ressort qu'il ne faut pas attendre une révolution rapide mais plutôt une évolution progressive. De ce fait, le secteur doit engager sa transition immédiatement sous peine de gros déboires dans un avenir assez proche.
Source : Terre-net/ Benoît Egon et Terre-Net Sébastien Duquef
Sur ces quelques mots je vous dis à bientôt
Gastronomiquement Votre, Lucullus
Commentaires
- Aucun commentaire trouvé
Ajouter vos commentaires
Merci de vous identifier pour pouvoir poster un commentaire
Poster un commentaire en tant qu'invité