Les Chroniques de Lucullus n°275

Écrit par Lucullus. Publié dans Les chroniques.

plumeAmis gourmands bonjour,

Il est parfois facile de faire un billet sur commande mais, en ce lundi de grisaille, j'aurais préféré rester sous ma couette, au chaud, un bon café sur la table de nuit et un bon bouquin à la main. Mais non, il faut aller à ce travail que l'on célèbre parfois avec trop d'entrain ou que l'on exècre avec tout autant de verve. Je ne sais lequel choisir

Non, rassurez vous, je ne déprime pas mais mon humeur du matin oscille entre Charles et Jules

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits;

Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris;

Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,

Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Charles Beaudelaire

La rivière s'écoule avec lenteur. Ses eaux
Murmurent, près du bord, aux souches des vieux aulnes
Qui se teignent de sang ; de hauts peupliers jaunes
Sèment leurs feuilles d'or parmi les blonds roseaux.

Le vent léger, qui croise en mobiles réseaux
Ses rides d'argent clair, laisse de sombres zones
Où les arbres, plongeant leurs dômes et leurs cônes,
Tremblent, comme agités par des milliers d'oiseaux.

Par instants se répète un cri grêle de grive,
Et, lancé brusquement des herbes de la rive,
Étincelle un joyau dans l'air limpide et bleu ;

Un chant aigu prolonge une note stridente ;
C'est le martin-pêcheur qui fuit d'une aile ardente
Dans un furtif rayon d'émeraude et de feu.
Jules Breton

A l'évidence, en les relisant, je me dis que je préfère tout de même Jules à Charles même si ce dernier vient parfois titiller l'esprit dichotomique qui est le mien. Serait ce là, vraiment, le reflet de ce temps gris qui nous annonce la fin définitive des beaux jours alors même que l'automne est synonyme de beauté et de bonté?
Non vraiment je n'aime pas le retour de la grisaille.

Sur ces quelques mots je vous souhaite une excellente semaine.

Gastronomiquement Votre, Lucullus

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