Les Chroniques de Lucullus n°225

Écrit par Lucullus. Publié dans Les chroniques.

plumeAmis gourmands bonjour,

Tout d'abord des nouvelles du vin rosé, ce petit vin frais, de nos terroirs, que l'on boit avec délectation pendant les mois chauds.
En réalité il n'est pas petit, et il y a longtemps qu'il a gagné ses lettres de noblesse, mais c'était là un petit mot amical, soyez en sûr.

Venons en au fait. Le président de la confédération des producteurs de vins espagnols, Fernando Prieto Luis, c'est joint, le 27 mai dernier, à ses homologues français, italiens et suisses, à Bruxelles pour s'opposer à l'autorisation au coupage. Cette technique visant à mélanger du vin rouge par du vin blanc pour obtenir une mixture que certains européens, non producteur de vin, veulent autoriser en Europe.
La bataille continue donc et je rappellerai sans cesse le mot de Coluche "si vous ne voulez pas qu'ils nous vendent de la merde n'en achetez pas".

Ensuite je voudrais dire deux mots sur la crise du lait car c'est à rien n'y comprendre.
Il y a un an le prix du lait explosait, il manquait 2 à 3 milliards de litres de lait rien que pour l'Europe.
L'union européenne proposait d'augmenter les quotas mais rien n'y faisait car, qui dit plus de lait, dit plus de veau et donc de viande. L'Europe sort juste de la crise de la viande des années 90 et les producteurs et éleveurs n'étaient pas prêts à augmenter leur cheptel.

La réforme de 2003 voulait découpler les aides du volume de production, cela pour casser les surproductions et faire baisser les prix à la vente. La réforme de la PAC a entrainé une modification de la nature même des aides fournies. D'aide à la productivité elle est devenue aide aux revenus et cela change tout, surtout en termes de bénéficiaires.
(Source:  Nicolas-Jean BREHON enseignant à Paris I Sorbonne / Le monde page débats / 11/01/2008)

C'est la que le bas blesse, car la filière industrielle ne joue plus le jeu. Ne touchant plus les aides elle se rabat sur les producteurs en cassant les prix d'achat du lait. - 30% en un an.

Quid également de la distribution dont on parle peu mais qui nous vend le litre de lait entre 0,8 € l litre à 1,35 € pour ce même litre.

En fait on s'aperçoit que ce sont les industriels qui tiraient profit de l'aide donnée aux agriculteurs car ils ajustaient les cours en fonction des aides. aujourd'hui tout cela est fini aussi le seul moyen qui leur reste , cela de manière facile, de conserver tout ou partie de leurs bénéfice est de faire baisser le prix d'achats aux éleveurs. Mes seuls éleveurs qui s'en sortaient était ceux qui avait joué comme les groupe agro alimentaire la course à la production et donc l'accroissement permanent des aides. C'est tout bonnement scandaleux.
Trouvez vous normal qu'un producteur de lait, moyen, ne connaisse le prix du litre qui lui est payé que 45 jours après la livraison?
Accepteriez vous de ne connaître le montant, fluctuant au demeurant, de votre salaire de janvier qu'à la mi mars, celui ci étant payé fin mars ou courant avril mais pas avant?

Ne croyez pas que ce système soit franco français, non toute l'Europe est touchée car les grands groupes de l'industrie agro-alimentaire sont internationaux depuis bien longtemps.
Certains gouvernements, comme la France, l'Allemagne l'Autriche,  demandent la baisse des quotas (ceci sont en hausse avant leur disparition en 2015). Refus de la commission, par Michael Mann son porte parole, qui explique que la production de lait a baissé alors même que les quotas ont augmenté et que la chute des prix ne vient pas de là.

Je le redis encore et encore, faire de l'agriculture de masse une industrie type automobile et la laisser à la seule gestion des grands groupes est une hérésie. On ne gère pas la production agricole comme on gère une fabrique de machines à laver le linge. On parle là d'homme et d'animaux.
"Laisser l'alimentation à la seule loi des marchés et toujours la loi du moins disant économique, social et environnemental" (Michel Barnier)

Bref voici un dossier à suivre avec attention car les acteurs sont multiples, et il n'y a pas de vérité simple sur la question.
La filière est composée des producteurs (petits et gros), des groupes agro-alimentaires et de la distribution

Sur ces quelques mots je vous souhaite une excellente semaine.

Gastronomiquement Votre, Lucullus

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