Les Chroniques de Lucullus n°666

Écrit par Lucullus. Publié dans Les chroniques.

Amis gourmands bonjour,

Clément Faugier retire la mention "Ardèche" de ses boites
Clément Faugier retire la mention "Ardèche" de ses boites de crème de marrons à la demande de la répression des fraudes car la société n'utilise pas que des châtaignes d'Ardèche. En cause l'insuffisance de la production ardéchoise pour répondre à la demande du marché français.

Daniel Vernol, producteur de châtaignes en Ardèche, ancien président du syndicat des producteurs, répond à "Ici Drôme Ardèche". Je résume l'article :
Depuis 1882, Clément Faugier stipulait Ardèche sur ses boîtes. Avec le temps et l'insuffisance de production de châtaignes ardéchoises et même françaises, la société a été contraite d'acheter des châtaignes hors de l'hexagone.Pour subvenir à la demande il faudrait produire 3 ou 4 fois plus, ce qui pour le moment est impossible. La production est d'environ 5.000 t/an.

Au moment de la création de l'AOC en 2006, la DGCCRF en charge des contrôles s'était déjà interrogée sur la pertinance de l'appellation Ardèche. Aujourd'hui avec l'AOP, appellation européenne, il n'est plus possible de le mentionner. Il y a un risque de confusion pour le consommateur. Pour le syndicat des producteurs, il n'y avait pas de réticence à la présence de cette mention car Clément Faugier a fait rayonner les châtaigneraies d'Ardèche dans le monde entier,Il y a trois autres transformatieurs ardéchois dans le même cas.

Un "plan national Châtaigne" de 5 millions d'euros a été initié par l’État, débloqués non pas en direction des producteurs mais vers la recherche afin de lutter contre les maladies dont souffrent les châtaigneraies qui rendent 30 % de la production non commercialisable. Il s'agit de l'Encre du châtaignier et de la maladie de l'endothia.

L’encre du châtaignier est une maladie fongique causée par des agents pathogènes du sol, tels que Phytophthora cinnamomi et Phytophthora cambivora, qui provoquent la dégradation des racines et peuvent entraîner la mort de l’arbre

Cryphonectria parasitica, est le champignon responsable du chancre de l'écorce du châtaignier, une maladie grave qui provoque la dégradation des arbres, notamment en Europe et aux États-Unis, en détruisant les houppiers et compromettant la santé des châtaigneraies.

Afin de redynamiser les châtaigneraies parfois laissées à l'abandon, un plan de relance a été également mis en place pour favoriser l'installation de nouveaux producteurs. Cette démarche a permis de stabiliser la production mais le syndicat des producteurs espère aller plus loin et augmenter les superficies de production. Il mise sur une augmentation de la production dans 4 ou 5 années.

Sources : FranceBleu Radio France - Olivier Estran, Wikipédia Chancre écorce, Wikipédia Encre, Chroniques de Lucullus 656 du 1801/2025

Asperge : soupçons de francisation, l’AOP sonne l’alerte
Comme partout il y a des tricheurs. Asperges de France vient de tirer la sonnette d’alarme : "importations à bas prix et soupçons de francisation d’asperges viennent perturber l’équilibre fragile du marché et portent atteinte au travail des producteurs et de la filière".

La France cultive l'asperge sur 6 700 ha répartis sur 4 bassins (Sud-Ouest, Sud-Est, Val-de-Loire, Alsace). L'importation en soi n'est pas mauvaise. Elle permet de compléter une offre française insuffisante mais le 15 mai dernier l'AOPn Asperges de France a dénoncé des dérives graves.

Une importation importante de volumes de diverses origines (Belgique, Pays-Bas, Grèce, Espagne) à des prix particulièrement bas qui désorganisent le marché en pleine saison.
Cotations au 14 mai et selon les calibres :
Asperge française entre 4 et 6,80 €/kg
Centre-Ouest (asperges blanches et violettes), de 4 à 4,50 €/kg
Asperge blanche du Val de Loire (cotations Min de Vivy) de 6,50 à 9 €
Sud-Est (la verte étant cotée plus cher que la blanche et la violette) de 7,5 à 11,50 €/kg. .

A St-Charles, l’asperge verte importée d’Espagne coûtait entre 3,60 et 4,80 €/kg.
A Lyon-Corbas, l’asperge blanche de Belgique était entre 3,40 et 5 €/kg, celle des Pays-Bas autour des 4 €/kg et l’asperge verte espagnole de 3,60 à 6,40 €/kg.

Soupçons de cas de francisation d’asperges :
Sur cette campagne 2025, l’AOPn soupçonne des cas de francisation (commercialisation d’un produit importé sous étiquette origine France). Ce serait principalement sur les étals des marchés et en commerce de détail, hors grande distribution, que ces pratiques illégales auraient lieu alors même que la grande distribution soutient la mise en avant des asperges françaises.

Asperge de France invite l'ensemble des acteurs de la distribution à plus de vigilance et aux services de l'état (DGCCRF) plus de contrôles.

Sources : Réussir-Fruit / Julia Commandeur et FranceAgrimer

Consommation de volailles : l'heure du bilan
En 2024 la consommation de volailles s'est accélérée selon Itavi (*). Elle est de +9,8 % que ce soit en consommation à domicile ou hors domicile. La hausse était déjà de 3,8 % en 2023 par rapport à 2022. En prenant 2019 comme référence, la hausse de la consommation est de +24,4 %.

La consommation est de 31,6 kg de volaille par habitant et par an, dont 24,9 kg de poulets. La volaille est la première viande consommée en France devant la viande de porc soit 2,16 millions de tonnes. A l'échelle de la population, la France est le premier pays consommateur de volaille de l'Union Européenne. 96 % des Français sont consommateurs de volaille dont 82 % au moins une fois par semaine, Pour le poulet c'est 50 % de 2 à 4 fois par semaine, 28 % une fois par semaine et 5 % tous les jours ou presque. (Enquête Anvol/CSA).

Le poulet est plébicité à 96 % par les comsommateurs, vient ensuite la dinde (62%), le canard (47%) la pintade (25%) la caille et le coquelet (11 %) et en sixième avec 6 % arrivent l'oie et le pigeon. En fin d'année la diversité dans l'achat des volailles est de mise avec des hausses de consommation pour les petites espèces, caille, pigeon, pintade et même le chapon du fait de leurs prix abordables. En 2024, ils sont en hausse de +5,4 % en volume. En 2023, après une hausse de +1,8 % en 2023 vs 2022.

La consommation est répartie en Repas à Domicile (RD) et Repas Hors Domicile (RHD). La part de cette dernière et en hausse, gagnant +8 pts en 3 ans et même 30 pts en 10 ans. (Source : Itavi d’après Agreste, Kantar Word Panel pour France Agrimer) Pour finir il faut noter que les achats des ménages sont en hausse notamment pour le canard (+59%) en raison d'un retour de l'offre en rayon. (Source : ITAVI d’après Kantar WorldPanel pour France Agrimer)

(*)ITAVI est un organisme de recherche appliquée indépendant spécialisé dans les filières avicole, cunicole et piscicole
Source : Anvol consommation , Anvol Production

Brasseries françaises, un bilan mitigé
L'année 2024 a été difficile, avec 80 fermetures recensées. Pour la première fois, ce nombre a été supérieur à celui des ouvertures. Magali Filhue, déléguée générale des Brasseurs de France, lors d'un colloque avec les représentants de la fillière s'en est expliquée. Le recul de la consommation de bières impacte toute la filière. Les conditions météorologiques ont eu un impact important sur la quantité d'orge produite. L'impact de l'inflation n'est pas un critère à retenir car elle touche toutes les branches des produits de grande consommation. L'impact des JO n'a pas été celui attendu. De ce fait le marché brassicole français est en baisse de l'ordre de 3 % en volume. C'est la seconde baisse consécutive .

Les points positifs à prendre en compte :
les ventes de bières sans alcool résistent en grande distribution (+0,5%). Les ventes en canettes font mieux que celles en bouteilles (+4,7 % vs -5,6%). 1 bière sur 4 est vendue en canette. Depuis 2019, le nombre d'établissements de ce type à doublé.
Le "brewup" se développe. Il consiste à offrir un service de restauration au sein même du lieu où la bière est brassée. Ces établissements ne semblent pas touché par la crise. L’interprofession a d’ailleurs remis son livret blanc à la ministre du Tourisme Nathalie Delattre lors du dernier Salon International de l’Agriculture.

Source : Perspectives Agricoles / Justine Gravé (UpTerra)

Un fruit de saison : la fraise
Un peu d’histoire :
L'arrivée de la fraise sur les étals est toujours appréciée. On la connaît depuis l'antiquité. Elles poussent à l'état sauvage en Asie, en Amérique et en Europe occidentale. Chez nous, c'est au moyen-âge que la fraise des bois a investi nos potagers et jardins. Consommées avec de la crème depuis toujours et depuis à la renaissance avec du vin. Pour autant, les grosses fraises rouges qui font notre régal n'ont pas toujours été présentes. Elles ne sont arrivées qu'au 18e siècle. Elles sont l'oeuvre d'un officier de marine du nom de Frézier, ça ne s'invente pas, qui a croisé des fraises du Chili et des fraises d'Amérique du Nord.

La culture de la fraise :
En France, les principales régions de production sont l'Aquitaine (31 % de la production) et la région PACA (25 % de la production). La région centre ne représente que 5 % de la production nationale.

La production sous serre est en constante augmentation. Elles sont récoltées à la main. Les fraisiers peuvent avoir plusieurs cycles de production (variétés remontantes). Le panachage des variétés permet aux producteurs de proposer leur récolte jusqu'aux premières gelées.

La production ne satisfaisant pas la demande, les importations en début de saison viennent d'Espagne et du Maroc et en fin de saison de Belgique et d'Allemagne.

La composition de la fraise :
Eau 90,30 g, Glucides 6,03 g, Fibres 3,80 g, Vitamine B9 98,90 µg, Vitamine C 54 mg
Le site Aprifel donne des données beaucoup plus détaillées

Sources : Les fruits et légumes frais, Aprifel

Un point sur nos futures cerises
Au 1er mai, la production 2025 est attendue en hausse de 6 %. Cette prévision est à relativiser en fonction d'aléas climatiques éventuels (pluies, orages, grèles) d'ici la fin de saison en juillet. Peut- être y aura-t'il une baisse des prix ?

Source : Agreste

Point sur la récolte 2024 des pois chiches
La qualité des graines du pois chiche décryptée par Terre Univia à partir de 52 échantillons.

Les résultats moyens sont hétérogènes à cause de problème lors des semis et lors de la floraison.
- Dans le premier cas il s'agit de l'apparition de l'ascochytose causée par l'Ascochyta, un champignon, avec présence de pycnides (organes de fructification asexuée) visibles sous forme de ponctuations noires. Les lésions s’agrandissent, se nécrosent, pouvant entraîner la défoliation, des cassures de tiges ou des dégradations sur les fleurs, fruits ou graines.
- Dans le second cas il s'agit de l'héliotis, un ravageur (Helicoverpa armigera) polyphage qui peut causer de graves dégâts dans la culture du pois chiche. Les larves percent la gousse en développement, se développant à la place de la graine, ce qui entraîne des pertes de rendement pouvant atteindre 30 à 40 %, voire jusqu'à 90 % dans les cas extrêmes

Une teneur moyenne en eau est de 13.5 %, en hausse par rapport à 2022 et 2023. L'humidité moyenne n'a pas apporté de problème pour le stockage.

La valeur moyenne des protéines est stable et proche des 4 dernières années (21,7 % en 2021, 23,0 % en 2022, 22,1 % en 2023 et 22,2 % en 2024).

Le poids moyen des mille graines (PMG) dépend en partie des variétés mais la valeur moyenne pour la saison 2024 est la plus basse depuis le début de l'observatoire.

Le calibre est un critère important pour la commercialisation des graines (répartition par taille pour une volume donné). Une bonne taille doit être égale ou supérieure à 7 mm. Pour 2024 les grains cassés ou inférieurs à 7 mm sont minoritaires ce qui est une bonne chose. Le marché se valorise sur les graines grosses ou intermédiaires.

Le PDF est à lire absolument

Sources : Terre Univia et Terre Univia pdf

Sur ces quelques mots je vous dis à bientôt
Gastronomiquement Votre, Lucullus

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