1851 Anne Boutiaut

Écrit par Lucullus. Publié dans Les personnages.

Victor et Anne BoutiautNée le 16 avril 1851 à Nevers (58)
Décédée le 07 mai 1931 au Mont-Sant-Michel (50)
C'est une cuisinière française surnommée la " Mère Poulard". Elle est la fille de Claude Boutiaut, journalier aux maraîchages des faubourgs du Mouësse à Nevers. Sa mère porte les légumes récoltés chaque matin, au marché Saint-Arigle.

Elle travaille très jeune comme femme de chambre, elle entre au service d'Edouard Corroyer architecte des monuments historiques. En 1872, E. Corroyer se voit confier, par le gouvernement, la restauration de l'abbaye du Mont-Saint-Michel. Il y amène sa femme de chambre, Anne Boutiaut dite Annette.

1852, elle a 21 ans, et rencontre Victor Poulard avec qui elle se marie le 14 janvier 1873 en l'église Saint-Philippe-du-Roule à Paris. On pense que c'est son témoin, qui n'est autre que son employeur, qui a organisé le mariage.

Consciente de son retard éducatif, elle prend des cours d'orthographe, de grammaire et de mathématiques avec la sœur institutrice du Mont-Saint-Michel. Le couple, Anne et Victor, décide de prendre un gérance dénommée "L'hostellerie de la Tête d'or", au sein du Mont-Saint-Michel, aujourd'hui le bureau de poste. Ce n'est pas la grande foule.

Le Mont-Saint-Michel est dépendant des marées car le pont n'existe pas encore. Des pélerins, des archéologues, quelques artistes viennent visiter les lieux. Il faut pouvoir les nourrir à n'importe quelle heure.

L'idée vient d'Annette. Pour leur faire attendre le fameux gigot des prés salés, elle propose une recette à sa façon, une omelette joliment baveuse, cuite au feu de bois. La légende s'éveille. Sa recette, grâce au bouche à oreille quitte le Mont-Saint-Michel et attire du monde. La renommée est en marche.

Omelette Mère PoulardEn 1888, le couple acquiert l'hôtel du "Lion d 'or", qu'il fait démolir pour créer un nouvel hôtel plus imposant qui se dénommera "À l'omelette renommée de la mère Poulard". Il faut dire que sa recette dépasse ses autres plats.

La tête d'or est repris par le jeune frère de Victor Poulard et prend pour enseigne, " À la renommée de l'omelette soufflée". Les enfants d'Anne ouvrent deux hôtels et se font une vive concurrence.

Les gazettes parisiennes se font écho de cette renommée, et c'est la ruée. Anonymes, célébrités, diplomates et hommes politiques se doivent d'y être vus. Le roi des Belges, Léopold II, fut client et Georges Clemenceau restera un des plus fidèles amis d'Annette Poulard.

Il faut dire que l'accueil est également célèbre par sa chaleur, sa convivialité. On avait l'impression d'être à la maison familiale. Mais Anne tenait les cordons de la bourse et surtout la caisse, acceptant toutefois quelques œuvres d'art en paiement du repas.

Parfois les clients partaient sans payer et l'établissement perdait de l'argent mais la mère Poulard avait réponse à tout :
"Mais réfléchissez donc. Pour me faire payer strictement, il m'aurait fallu une caissière, que j'aurais dû rétribuer, nourrir, loger, supporter et qui ne m'aurait pas secondée. Tout compte fait, je crois que j'avais du bénéfice. Puis beaucoup de braves gens, rentrés chez eux, se rappelaient leur distraction ou avaient du remords de leur vilaine action : ils m'envoyaient un mandat, avec un mot aimable. Tous m'envoyaient leurs amis. J'y gagnais. C'est comme cela que nous avons fait la réputation de la maison."

Vers 1920, à l'heure de la retraite, les époux Poulard font construire une maison sur les hauteurs du mont.
Le 15 janvier 1923, parmi une foule nombreuse et attendrie, ils célèbrent leurs noces d'or.Le 7 mai 1931, elle s'éteint et rejoint son défunt mari dans le petit cimetière du Mont-Saint-Michel.

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